Sylvie Renault, l’organique.
De filaments en muscles, d’os saillants à la rondeur subtile d’un sourire, Sylvie Renault opère et dissèque les corps fragiles de créatures aux sourires ambigus, aux regards enfantins. Chirurgienne de l’âme, elle dessine et peint l’intérieur, l’intrinsèque qui nous renvoient à nos sens les plus communs mais les plus évidents. Organisation, organique, ordre. Elle détecte chaque mouvement et sa correspondance émotionnelle, les corps parlent, discutent, chuchotent dans un bouillonnement secret. Œuvre vivantes et vivaces, ne sont-elles pas des plantes, des herbes, des lianes d’amour, de liens vers nos esprits tourmentés ? figures oniriques et féminines, elles se teintent de couleur en écho à tout ce que nous pouvons être et vivre, le travail de Sylvie Renault est celui des acharnés du sentiment, la tête et le corps, murmurant leurs différences.
Du scalpel, elle en fait un crayon : du sang, des couleurs fragiles, les corps naissent sous son geste précis, décortiquant chaque mouvement, Sylvie Renault accouche de nous, vivants. Les références sont nombreuses, Tim Burton, l'expressionnisme allemand mais il reste sa virtuosité à s'affranchir de tout modèle, à s'approprier une essence, un sourire, une larme qui nous rend plus fort. De loin, la mélancolie, la tristesse, apparentes, son arme sensible et spirituelle, est celle des outils de chirurgienne. Sylvie Renault opère à cœur ouvert.
Aline Secondé, Historienne de l'art